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La santé au Maroc, un secteur au carrefour d'une refonte vitale
Amine Mansouri, Senior Principal, North, East, and West Africa, IQVIA
Dec 13, 2021

La pandémie COVID-19 a remis en question le fonctionnement de nombreux systèmes de santé à travers le monde, mettant à nu des lacunes structurelles et des iniquités flagrantes en termes de répartition des ressources médicales et paramédicales.

Au Maroc, la gestion de la crise sanitaire a été exemplaire et la conjugaison des efforts des professionnels de santé et des mesures et restrictions mises en place a permis de stopper l’avancement du virus et de garder les indicateurs épidémiologiques à des niveaux rassurants.

Cela dit, le secteur de la santé au Maroc n’en demeure pas moins à un tournant décisif où de nombreux chantiers structurants sont en train de se mettre en place et dont l’implémentation réussie sera à même de garantir un accès aux soins équitable et de qualité à l’ensemble des citoyens.

L’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) en voie d’une généralisation devenue nécessaire

Le plus important de ces projets est sans aucun doute la généralisation de la protection sociale impulsée par la volonté royale et prévoyant, entre autres projets d’envergure, une extension de l’assurance maladie obligatoire (AMO) à fin 2022 à 22 millions de personnes supplémentaires dont 11 millions de Ramedistes et 11 millions de professionnels, commerçants, agriculteurs, artisans traditionnels et de personnes exerçant une activité libérale.

Pour ce faire, il sera crucial dans un premier temps de mettre en adéquation l’arsenal juridique régissant l’assurance maladie obligatoire avec les lois-cadres 21.09 (protection sociale), 34.09 (système de santé et offre de soins) et 33.21 (exercice de la médecine), entre autres lois et projets de lois, afin de jeter les bases d’un système de prise en charge et de financement pérenne et définir les rôles, les responsabilités et les actions de coordination incombant à toutes les parties prenantes de cet écosystème.

Un écosystème avec une mission claire de refonte et de modernisation du secteur de la santé annoncée par le ministère de santé et de la protection sociale avec notamment une mise à niveau des établissements de santé, un renforcement de la coordination entre les composantes de l’offre de soins régionale avec la mise en place d’un circuit intégré et de liaison entre les différents niveaux des soins de santé (CHU, hôpitaux régionaux, structures de santé de proximité) et surtout un intérêt tout particulier porté au développement des ressources humaines dont le déficit se chiffre aujourd’hui à plus de 97 000 professionnels de santé dont 32 000 médecins et 65 000 infirmiers. L’ouverture de la pratique de la médecine aux compétences étrangères et l’encouragement des établissements sanitaires étrangers à investir au Maroc sont des pistes évoquées pour mitiger ce faible taux d’encadrement médical et améliorer les services de santé.

Le digital au service de la santé

La pandémie a permis, par ailleurs, une accélération de la digitalisation du secteur de la santé. La télémédecine, les objets connectés ou encore les solutions dématérialisées d’assurance médicale sont les nouveaux outils d’une santé 2.0 dont la ‘consommation’ sera complétement différente de ce que nous avons connu jusqu’à présent et où les patients seront de plus en plus friands de données les aidant à mieux appréhender leur santé et bien-être.

Ce virage numérique représente une formidable opportunité dans une optique d’optimisation des services et ressources de santé mais aussi afin de répandre à grande échelle les bases d’une prévention devenue nécessaire pour mitiger la montée en flèche des maladies chroniques au sein de la population (diabète, maladies cardiovasculaires, cancer, etc).

Cette transformation digitale reste toutefois tributaire de plusieurs initiatives notamment sur l’aspect réglementaire pour l’accès aux données des patients, une connectivité homogène à travers toutes les régions du royaume (même les plus enclavées) et une familiarisation des populations âgées avec ces nouvelles pratiques.

La mise en place graduelle de toutes ces initiatives accompagnée d’une sélection d’indicateurs chiffrés et quantifiables pour en mesurer l’impact progressif sera à même de doter le Maroc d’un secteur de la santé performant, inclusif et assurant un accès plein à des soins de qualité et à la médication à l’ensemble de la population en accord avec l’ambition exprimée dans le nouveau modèle de développement.

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